L’archéologue plongeur David Djaoui raconte le décryptage des restes archéologiques comme une enquête policière, dans un ouvrage paru en 2021. Captivant.

Le secteur, interdit au public, est balisé d’un ruban rouge et blanc. Derrière celui-ci, des experts équipés de matériel technique prélèvent des indices qu’ils rangent soigneusement dans des sachets numérotés, espérant les « faire parler » plus tard. Nous pourrions être sur une scène de crime, nous sommes sur un chantier de fouilles archéologiques.

Hommage à l’archéologie subaquatique

Le parallèle, saisissant, ne s’arrête pas là, souligne David Djaoui dans son ouvrage justement titré Enquêtes archéologiques. Cet archéologue plongeur au Musée départemental Arles antique travaille sur le matériel des fouilles du Rhône. On se souvient de la découverte dans le fleuve d’un chaland gallo-romain exceptionnel, en 2004 à Arles. Quant aux révélations que cette embarcation et son contenu ont livrées sur l’activité portuaire au premier siècle de notre ère, elle sont dues à une enquête minutieuse, que David Djaoui rapporte au jour le jour dans un récit passionnant au suspens véritable.
Derrière les pièces exposées dans les musées se cache le travail des archéologues, parfois plongeurs. C’est d’ailleurs pourquoi le Malp a souhaité mettre en valeur les années de fouilles subaquatiques du lac de Paladru, en présentant comme peu de musées les techniques employées par ces chercheurs.

Expertise et intuition

Tandis que les policiers consultent les fichiers ADN pour identifier des individus, les épigraphistes (spécialistes des inscriptions) interrogent les bases de données des découvertes concernant l’Empire romain, pour analyser un fragment de céramique trouvé au fond du Rhône.

Dans les deux cas, l’expertise scientifique est mobilisée pour résoudre les énigmes. En archéologie, pas de criminologues, mais des palynologues (spécialistes des pollens), des carpologues (graines), des chimistes, des dendrochronologues capables de dater des pièces de bois à partir de l’étude des cernes des arbres. Sans oublier les latinistes, souligne David Djaoui, bien avisé de réviser ses déclinaisons pour déchiffrer les inscriptions sur les morceaux d’amphore.

Des savoirs accumulés ne font pas tout, note toutefois l’auteur. Il faut une part d’intuition, d’imagination presque, de flottement de la pensée, mais aussi des moments plus légers entre collègues – retranscrits ici comme dans un roman – pour que la lumière se fasse.

Une lecture qui créera peut-être des vocations, mais qui pourrait aussi inspirer les enseignants préparant une visite scolaire au Malp. Ils y trouveront une matière vivante et ludique, dans l’esprit du musée, pour rendre accessible à tous le monde de l’archéologie.

En vente à la boutique du Musée :

Enquêtes archéologiques
L’affaire Valerius Proculus
David Djaoui
Éditions Actes Sud/Errance, 2021